« J’ai toujours voulu les écuries au centre de notre vie tribale, que ce soit sous la toile attenante au chapiteau de tournée ou dans celle en Red Cedar du fort d’Aubervilliers. Dans cette cathédrale de bois, emblème du théâtre Zingaro, tous les boxes sont alignés sur deux rangées qui encadrent un espace orné de lustres, et ont une large fenêtre ouverte sur l’extérieur. Les parois qui les séparent sont munies de barreaux. Les chevaux peuvent se voir, se tutoyer, mais aussi observer le comportement des humains. Les plus stressés ou agressifs se calment vite au contact de cette vie partagée au quotidien. Les boxes leur servent aussi de loges où, le soir, harnachés pour la représentation, ils se concentrent. Bien qu’attachés, ils peuvent apercevoir les spectateurs pénétrer sur la coursive au-dessus d’eux ; curiosité réciproque. Donnant à son extrémité directement sur la piste, l’écurie fait office de coulisses leur permettant d’appréhender le spectacle au plus près. Les chevaux, comme les hommes, habitent leur théâtre. »
Extrait de D’un cheval l’autre, Bartabas, Editions Gallimard
Crédit photo écuries : Claire Cocano et François Goudier